Certaines pratiques sociales seraient à la base des corruptions
Je ne parle pas ici des grandes corruptions, des grands détournements de fonds publics, je parle ici des multitudes de mains en mains qui se pratiquent quotidiennement dans les bureaux. La fréquence des demandeurs dans les bureaux peuvent quelques fois pousser les chefs à dépasser leurs limites pour satisfaire la requête des demandeurs. Cette pratique de rendre visite aux chefs dans les bureaux pour sortir avec quelques billets en main devient un phénomène qui prend de l’ampleur dans nos services et serait probablement une des raisons des petits détournements de fonds publics.
Le fonctionnaire salarié travaille pour joindre les deux bouts du mois, peut-être qu’il y a même des mois où il se trouverait dans les difficultés de pouvoir subvenir à ses propres besoins familiaux, c’est lui qui le sait ! Le demandeur pense que l’autre a la poche toujours pleine parce qu’il travaille dans un bureau climatisé, il est toujours bien habillé, il est sur une jolie moto ou dans une belle voiture. Alors, il est en bonne position de pouvoir l’aider et s’il ne le fait pas, c’est qu’il refuse et ainsi, on le qualifierait de méchant, d’insensible aux problèmes sociaux des gens, de hautain et on l’attend au tournant parce qu’on dit bien en bambara que tous les jours ne sont pas égaux pour l’homme. Il y a des jours où tu es grand, il y a également des jours où tu petit. Ce serait la crainte des diffamations, de ces mauvaises qualifications et réputations non vérifiées qui pousseraient certains chefs à dépenser au dessus de leur avoir.
L’équation de ce problème n’est pas facile à trouver car on dit en bambara : “d’une part, la viande est trop dure et d’autre part, le couteau n’est pas tranchant” Alors que faire ?
L’un se sert du poids social pour pousser l’autre à faire quelque chose qui dépasse ses moyens et l’autre, craignant les conséquences de la position qu’on va garder contre lui parce que sa position dans l’avenir lui est inconnu, s’efforce, quelque fois en touchant l’argent public, pour satisfaire le besoin posé. Cette petite corruption ignorée de beaucoup de 1000 F, 2000 F, 5000 F retirés dans les bureaux serait la faute de qui, le demandeur, le donateur, ou le poids social?
Certains demandeurs n’auraient d’autres occupations que de se promener entre les services pour poser des problèmes afin de soutirer de l’argent et on attend bien certaines d’entre elles dire : « j’ai bien demandé parce que c’est l’argent du pays, on ne peut pas les laisser seuls tout bouffer »
Certains donateurs, après avoir donné satisfaction aux demandeurs disent : “Tu vois, c’est toujours comme ça. Ils pensent que nous avons toujours les poches pleines et si on ne le fait pas, ils vont nous gâter les noms” Là, est-ce par volonté ou une obligation. On ne parle pas comme ça après une aide réalisée avec volonté et si c’est par obligation, ce serait une obligation imposée par le poids social sinon le demandeur se voit toujours inferieur à celui avec qui il demande.
Suite à ces constats et à ces analyses, je me suis toujours intérieurement dit que certaines petites corruptions qui rongent petit à petit le fonds public, sont quelque part causées par nous-mêmes, les demandeurs.
Je ne dis pas de ne pas demander, je ne dis pas de ne pas satisfaire aux demandes, parce que parmi eux, certains se trouvent effectivement dans le besoins et méritent d’être soutenus, mais il est temps de faire une sensibilisation par rapport à ce phénomène grandissant afin de limiter les dangers que ça peut créer aux donateurs et involontairement à l’économie du pays.
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