Entretien : un sage du village de Sounsounkoro appelle les jeunes au retour à la source
raAu cours de notre tournée dans le cadre des activités du projet « Quand le village se réveille », nous avons eu un entretien avec Fadébi Samaké, un ancien du village de Sounsounkoro dans la commune rurale de Ouéléssébougou. Il nous livre ici sa vision des jeunes de maintenant. Des filles et des garçons qui n’ont plus le temps de causer avec les vieilles personnes. Je vous livre son point de vue en attendant la vidéo dans la semaine.
Boukary Konaté, bonsoir Fadebi Samaké : autrefois, surtout après le dîner, c”était le moment des échanges entre des générations différentes. Autour de vous dans le village de Sounsoukoro, est-ce que les jeunes discutent avec leurs aînés ?
FS : Non, ils ne le font pas . Les jeunes de maintenant ne prennent pas le temps de s’asseoir pour causer avec les personnes de mon âge. Quand un jeune s’approche de ses parents, parle avec eux, il s’informe, se forme, s’instruit avant de grandir. Mais ce n’est plus le cas. C’est devenu les jeunes à part, les vieux à part. Chacun se trouve de son côté, les jeunes n’apprennent rien sur nos valeurs et ne pourront parler de rien demain. Ils se trompent…
BK : Selon vous, qu’est-ce qui a fait que les jeunes se comportent ainsi ?
FS : Ce qui a amené cela ? C’est que les jeunes sont hautains ! Ils se pensent beaucoup plus instruits que leurs parents et grands-parents.! A chaque fois, ils disent que les anciens ne comprennent rien, parce qu’ils sont anciens ! Alors, quand tu penses que celui qui t’enseigne, te forme, te transmet son savoir ne connaît rien, que dire ?
BK : Quelles sont les conséquences pour les jeunes, quand ils ne se donnent pas le temps d’apprendre avec les aînés?
FS : Cela leur rend la vie difficile dans plusieurs domaines. Les jeunes n’auront pas la ligne de conduite qu’ils doivent recevoir de leurs parents, quand ils ne les approchent pas. C’est cela qui explique les échecs de plusieurs jeunes parce qu’ils n’ont pas assez appris auprès des anciens.
BK : Nous voudrions savoir si les vieilles personnes sont nostalgiques.
FS : Oui, nous sommes vraiment nostalgiques. Ce qui rend sereines les vieilles personnes, c’est la conduite de leurs enfants, de leurs petits enfants. Mais si ceux-ci ne les approchent pas, avec qui causer, à qui transmettre le savoir-vivre et le savoir-faire ? Les jeunes ne voient pas les choses comme nous. Leur vision est en rupture avec nos valeurs sociales et culturelles. Aussi, je me demande maintenant comment cela peut marcher. Comment les jeunes peuvent avoir de bonnes lignes de conduite sans aucune notion de nos valeurs sociales et culturelles.
BK: Quels conseils donnez aux jeunes ?
FS : Mon conseil à l’endroit des jeunes, c’est leur retour à la source. Nos valeurs culturelles et traditionnelles sont en train de leur échapper. S’ils ne reviennent pas à la source, notre vie en société perdra ses valeurs.
BK : Merci de nous avoir accordé ce moment d’échange avec vous ici à Sounsoukoro.
L’entretien a été réalisé en bambara et traduit par Boukary Konaté (@fasokan)
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