La fête de tabaski au village

25 November 2010

La fête de tabaski au village

Si la fête est un grand jour de prière collective, de festin (fête de mouton), de demande de pardon entre les voisins, les femmes en profitent traditionnellement pour se créer de la joie au village.

Les gens ont quitté la mosquée, ils se saluent et se demandent pardon, les enfants tournent déjà autour de leurs mamans pour le port de leurs nouveaux habits,  les gros béliers égorgés sont en train d’être dépouillés par les jeunes, les grosses marmites familiales sont posées sur le feu à l’attente de la viande pour la rendre agréable à manger, le chien couché tout yeux, devient impatient pour frotter ses dents contre les eaux, le coq et la poule s’amusent à côté parce qu’ils savent qu’ils sont trop petits dans la marmite aujourd’hui, du coup, on attend des ha ha ha dans les rues du village, le bruit des femmes!

Cela est une tradition au village, une tradition, mais aussi une manière pour les plus jeunes mariées de se faire aider par leurs ainées, c’est-à-dire celles qui sont mariées dans ce village avant elles.

Les plus jeunes mariées viennent s’adresser à leurs ainées en disant que ces dernières ont trop durer sans donner d’enfants et qu’elles veulent tout de suite qu’elles accouchent. Ces dernières considèrent cela comme un manque de respect de la part d’une génération envers ses ainées. Elles s’occupent tout de suite à la place des premières, à piler, à faire de la lessive et toutes autres activités urgentes de ce jour. Tout cela fini, les plus âgées se déguisent en femmes enceintes et décident d’accoucher, mais les plus beaux pagnes gardés dans les valises des nouvelles mariées.

Elles se dirigent vers la maison de toutes les jeunes mariées une à une. Ces dernières tentent de les contrer. Si elles ont pu, c’est ça. Dans le cas contraire, elles pénètrent dans les maisons, ouvrent les valises et prennent les pagnes qu’elles veulent et les portent. Cette scène est une joie totale accompagnée de chants et de pas de danse dans les familles.  Elles vont dans chaque famille où il y a une nouvelle mariée et cela se passe pendant plusieurs heures. C’est une manière d’effacer toutes les rancunes entre elles et d’établir de nouvelles relations saines. C’est aussi une grande joie pour les beaux parents de voir leurs belles sœurs se taquiner et effacer les anciennes incompréhensions au sein de la famille et dans tout le village.  Leurs maris également sont contents parce que c’est un grand signe d’entente et de collaboration.

Ça se passe comme ça chaque année pendant la fête, mais j’ai ajouté un peu de piment  à celui de cette année.

Au moment où la femme de mon grand frère participait à cette joie, mon frère était pressé pour qu’elle vienne lui montre où se trouve le couteau afin qu’il aille morceler la viande du bélier égorgé. Il a commencé à se fâcher et à murmurer. Du coup, je suis allé chercher ce groupe de femmes du village en leur disant que mon frère s’est fâché contre elles parce qu’elles ont retenu sa femme pendant longtemps. Alors, il doit payer pour ça.

Je me suis mis devant elles jusqu’à côté de mon frère. Elles ont commencé à chanter, à danser en réclamant d’être dédommager par mon frère pour s’être fâché contre elles.  Mon frère a du leur donner 1000 F CFA pour qu’elles aillent !!!

Tout cela va-t-il disparaitre un jour ?

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Commentaires

Boukari Ouédraogo
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Je préfère les fêtes au village qu'en ville. Ce texte me rappelle mes dernières fêtes de tabaski au village

Sandalette
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merci de nous faire partager ces coutumes !!!